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Carnet de vadrouilleurs

16 juin 2005

Fin d'année scolaire 2005

A propos de bosser, nous sommes mi-juin, et tout s’essouffle à kourou city ! La moitié des gens sont déjà partis pour profiter des billets d’avion plus économiques… et seul le mot vacance résonne dans toutes les bouches ! Les conseils de classes sont passés, les livres rendus, élèves comme profs comptent les jours… On va bosser en baissant encore plus la tête que d’habitude !! Quant à Titine, l’expo des élèves de l’atelier est aussi passé, avec un grand succès d’ailleurs !

Eclatant de couleur :

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Petits clin d'oeil à certains de ces artistes en herbe...

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Encore et toujours de la couleur...

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Et beaucoup de bonheur...

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12 juin 2005

Dernier jour sur l'Orapu

La troisième journée de l’expédition découverte de l’Orapu est assez classique et assez similaire à la veille, sans bien sûr le coup du kangoupoissonchat ! Mais d’autres surprises nous attendent !! Comme c’est la dernière journée, nous profitons un maximum de la rivière. D’abord des parties de baignade folles dès le réveil. De même après le petit déjeuner. Puis, nous partons en ballade, mais sans pagayer, histoire de faire tourner un peu le moteur. Pas de chance, ça ronfle à vide. Il y a un problème. Xav essaye de bidouiller une première fois dans la machine, mais rien, ça n’avance pas. Contrairement au Kourou ou à l’Inini, nous avons remarqué depuis hier que l’Orapu ne change pas le sens de son courant ! Heureusement ! Ca nous arrange car celui-ci est favorable à notre direction, pour le retour au bivouac et le retour dans l’après-midi au dégrad, si le moteur ne fonctionne pas d’ici là... Nous prenons conscience du risque qu’on prend à être parti ainsi et tomber en panne ! C’est vrai qu’un des buts de l’expédition c’est la pagaye, le canoë, mais le moteur est toujours nécessaire au départ et au retour d’un dégrad, quand on a beaucoup de chemin à faire avec tout l’équipement, et pour lutter contre le courant qui peut parfois être très violent. Si le courant n’allait pas dans notre sens, nous aurions sûrement eu du mal à revenir à la voiture ! Et personne n’aurait eu l’idée de venir nous chercher ici car nous sommes un peu partis sur un coup de tête, sans en avoir parlé autour de nous. Belle leçon ! Mais pour cette fois, nous avons de la chance !

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Sans trop soucier, nous continuons donc notre ballade sportivement, à la pagaye à contre courant. Les kilomètres de l’Orapu de part et d’autre du bivouac nous deviennent familier. Nous commençons à bien connaître la position des troncs dans l’eau, leur situations, les courbes de la rivière, les types d’arbres aux alentours… De ce fait, un sentiment de confiance par rapport à l’environnement s’instaure en nous. La ballade est toujours aussi belle. Et les bouts de rochers plantés dans la glaise à un endroit précis n’arrête pas de nous surprendre ! A croire que quelqu’un est venu les poser là !

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La journée continue tranquillement. Canoë suspendu à une corde, nous pêchons sérieusement. Il fait chaud. Dans les murmures de l’amazonie, le bruit légèrement serpentin du nylon du fil à pêche au lancer, et le bruit sec de la tombée du hameçon à l’eau passionnent Titine. Récurrence infatigable des gestes. Les poissons mordillent et jouent à tirer sur les appâts. Le fil se met alors à vibrer dans la main. Provocations. On tire doucement, par léger à coup, puis d’un geste sec. Sous l’eau il y a toujours du répondant. Le fil se tend parfois, mais quand le hameçon refait surface, le poisson a déjà pêché l’appât et disparu on ne sait où !  Nous n’avons jamais su pêcher, mais le bonheur se découle dans les heures qui passent là, en contact direct avec la forêt. Moments magiques. Entre temps, xav réussit à réparer le moteur. La pièce la plus fragile de l’appareil nécessitait un changement. Et comme par hasard, c’était la seule pièce de rechange que nous avions sur nous !!

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Après le déjeuner, nous décidons de défaire petit à petit le bivouac. Il ne faut pas trop tarder car en plus du retour en canoë, on aura encore de la route à faire. C’est vrai que l’Orapu est loin de tout !! Heureusement que le rangement est toujours plus simple que l’installation ! En un moins de temps, tout est d’ailleurs défait. Les lieux sont propres et vide de nos traces. Nous sommes prêts à partir, sauf que… Uyuni n’est pas là !! Le gros matou a dû partir pour son moment de sieste !!!!! Il a bien mangé à midi, et dans ces cas là, il ne veut rien entendre, il ronfle ! Il est quinze heures. Le canoë est chargé, et nous nous retrouvons là, dans la jungle, au bord de l’Orapu, à attendre notre chat qui se lèche complètement la queue de nos appels. Après avoir tourné une heure dans la forêt, à crier son nom, et à se faire répondre uniquement par des cris d’oiseaux, nous nous résignons. Quelques nuages d’inquiétude dans nos têtes ne peuvent s’empêcher de flottiller … « et s’il lui est arrivé quelque chose ? » « et s’il s’est perdu ? » « et s’il ne revenait pas avant la tombée de la nuit ? » « et s’il ne revenait pas demain ? »… nous restons silencieux à attendre, un hamac à nouveau accroché, et un tabouret déplié. Seize heures, toujours rien. Nous crions de temps à autres ses petits noms. Sifflements, secousses de croquettes dans sa boîte, tout y passe, en vain ! Quand nous commençons à calculer nos restes de réserve, et réfléchir au moment où on laissera tomber l’attente le lendemain, voilà notre chat qui ressurgit tranquillement de son petit coin de la forêt, s’étirant d’abord les pattes arrières, ensuite le postérieur en hauteur, s’étirant les pattes avant, le tout accompagné d’un long bâillement qui s’achève par un miaulement d’étonnement ! C’est bien notre Uyuni, ça !!! Seize heures trente, dix-sept heures, nous nous précipitons pour remballer ce qui reste, mettre le chat dans sa boîte et quitter les lieux avant la tombée de la nuit !

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Le soleil tombe sur l’Orapu. La rivière et la forêt deviennent une palette luxuriante de vert et de jaune. La lumière est rase mais éblouissante. Vibration dans l’atmosphère. La jungle entière s’agite. C’est l’heure aussi pour les animaux. Comme un signe d’au revoir, la nature déploie toute sa beauté sauvage à notre passage. C’est dans ces images inoubliables et un pincement au cœur que nous cheminons vers le retour à la civilisation.

Dernière surprise du jour, au dégrad : on aurait dit que le niveau de l’eau a baissé ! Un impressionnant tas de feuillages s’est accumulé sur quelques mètres avant l’accès au sol ! Heureusement que nous sommes légers car sous l’épaisseurs du feuillage impénétrable par le canoë, l’eau est encore profonde. Titine ouvre la crise de fou rire ! Les deux premiers pas, elle échappe à la nage dans l’épais tas de feuilles pourries. Mais juste après, l’épaisseur rétrécit, et c’est dans la boue qu’elle se retrouve jusqu’au niveau du genou ! Chplok ! chplok ! A part éclater de rire et espérer n epas se faire mordre par une bébête dans la boue, il n’y a rien d’autre à faire ! Nous devons tripler d’effort pour tirer dans ces conditions le canoë chargé, sous les yeux boudeurs du chat qui doit patienter dans sa boîte ! Quelle expédition !!

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11 juin 2005

Aventure sur l'Orapu (suite)

Un mêli-mêlo de chants de perruches, colibris et autres oiseaux de forêt nous réveillent dès l’aube. La journée commence donc inévitablement par de longues heures de prélassement dans le hamac, à bouquiner et scruter tout ce qui bouge au dessus de nos têtes. Le petit déjeuner se passe ensuite dans une cuisine imaginaire aux murs de verdure. Le nutella se tartine bien sur les biscottes.  Uyuni est déjà parti à la chasse.

La partie de grillade hier nous a bien plu. Peut-être que le chat reviendra avec quelques oiseaux pour changer des grenouilles et des papillons ? Nous tentons toujours la pêche, en bavant à l’idée d’une super entrée de poissons grillés pour le déjeuner ce midi… on peut toujours rêver ! Accroché à un arbre tombé à l’eau, le canoë résiste au courant. Dessus, nous nous activons au rythme de la rivière. Atmosphère paisible. Xav bouquine. Titine écrit. Des libellules viennent se poser délicatement sur notre fil à pêche. Des morphos voltigent gracieusement autour de nous. Les ailes de soie de couleur bleu intense de ces papillons géants qui scintillent dans la jungle nous font penser à des décorations de sapin de noël légères comme des flocons de neige… Les poissons boudent évidemment notre hameçon ? Au bout d’une heure, nous ne résistons pas au plongeon. Pour la baignade, il faut s’accrocher à une corde tellement le courant est fort. Nous nous amusons comme des petits fous.

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Après la longue préparation de la salade de pâte du midi et son ingurgitation, nous partons pour la promenade en canoë de l’après-midi. Pagayer à contre courant n’est pas de tout repos. Et maîtriser les passages au dessus ou en dessous des arbres tombés n’est pas évident. Il faut soit donc pousser avec toutes les forces des bras pour éviter de se retrouver coincé, soit se baisser voire s’allonger pour esquiver les troncs et éviter tout accident.

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Le chat, qu’on a arraché à ses préoccupations de descendant de félin, ne semble pas apprécier cette exploration quelque peu sportive. Il s’énerve tellement qu’il prend la décision ferme de retourner de son propre chef dans la forêt. D’un énorme bond digne d’un kangourou, il plonge à l’eau et sous nos yeux qui n’en reviennent pas, il se met à nager comme un pro !!! En deux secondes, il atteint un tronc à l’eau et se met à miauler de son exploit !? Panique à bord. Cette petite boule de poils mouillée peut-être un super appat pour un anaconda affamé ! Et s’il atteint la forêt, il risquerait de s’enfuir et de ne pas pouvoir nous retrouver ! Xav plonge aussitôt et en perd sa rame. Titine pagaye comme une tarée : rejoindre le bord tout en essayant en vain de pêcher la rame à Xav et maîtriser le courant. Entre temps notre kangoupoissonchat a réussi à faire un deuxième bond d’environ cinq mètres, du tronc d’où il était dans l’eau, jusqu’à terre. Heureusement que le niveau du sol est élevé, et entre la surface foulable et celle de l’eau, au creux des racines dénudés des arbres, des niches se sont formées. Juste ce qu’il faut pour que le pauvre chat effrayé puisse se cacher. Accroché aux racines, Xav réussit à le choper, tandis que Titine, un peu sadique, une fois le bord de l’eau atteint, ne peut pas s’empêcher d’immortaliser à jamais ce moment de panique pour tous, en prenant une photo. Quelle aventure ! On replonge le chat glaiseux à l’eau histoire de le rincer un peu, puis, enfoui dans une serviette, tout tremblotant sur les genoux de Titine, il tente de se remettre de ses émotions.

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Le courant se charge de nous faire glisser en direction du bivouac en fin d’après-midi. Nous réussissons à rattraper la rame à Xav, qui n’a pas coulé mais s’est laissée dériver. Petit à petit le calme nous envahit. Le cadre est magnifiquement sauvage. Et nous sommes seuls dans ce bout d’amazonie. Seul bruit : la nature. Crépitement de l’eau. Frémissement des feuilles. Cris d’oiseaux. Agitation dans les arbres. Une branche qui casse. Un animal ? Nuque pliée, nez en l’air, yeux bridés, nous scrutons. Là bas ! Un Paresseux ! Le singe est suspendu loin dans les hauteurs d’un Fromager, un géant bien connu de la forêt Guyanaise. Emportés par le courant, nous faisons demi-tour et nous nous postons dans un coin pour encore mieux l’observer. Nous avons du mal à le retrouver. Non pas parce qu’il s’est déplacé (avec sa légendaire lenteur de déplacement, il n’aurait bougé de quelques millimètres à peine, s’il a bougé !), mais la couleur gris marron clair de son pelage le camoufle bien aux écorces de l’arbre. Nous comprenons d’autant plus notre difficulté quand nous le retrouvons, en position de défense, tout en boule ! Déception : d’en bas, on aurait dit un tout bête méga nid !

Retour au bivouac,

retour aux plaisirs du hamac…

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10 juin 2005

Aventure sur l’Orapu (Première partie)

Premier jour, découverte et repérage des lieux, installation du bivouac.

Le vendredi 10juin étant un jour férié en Guyane (commémoration de l’abolition de l’esclavage), nous disposons cette semaine d’un week-end de trois jours. L’occasion pour une belle escapade dans la jungle. Nos doigts parcourent les lignes fluviales sur une vieille carte usée par nos mains rêveurs. Objectif roots : de l’inconnu et du sauvage ! Pour un tête à tête en seuls à seuls avec la nature, il faut éviter les fleuves trop faciles d’accès, ceux le long desquels ont été bâtis des carbets, et rayer de la liste ceux dont les noms sont familiers aux promeneurs du dimanche : ça en élimine déjà pas mal !! Nos doigts s’arrêtent alors sur l’Orapu, dont on a repéré le dégrad lors d’une promenade.

Nous nous activons dès jeudi soir pour les préparatifs du départ. Prendre ce qu’il faut pour ne manquer de rien, tout en partant le plus léger possible ! Telle est notre devise. Le plus difficile à calculer concerne les réserves de nourriture : deux petits déjeuners + trois déjeuners + deux dîners. Ainsi qu’une sous-réserve en cas de pépins. En outre, l’attirail habituel : des bidons d’eau potable de cinq litres (trois pour cette expédition-ci), la vaisselle, le camping-gaz, hamacs et moustiquaires, bâche, cordes, bougies, etc…

Vendredi matin. La voiture chargée la veille, ne restait plus qu’à monter le canoë sur le toit et faire les dernières vérifications. Départ 10 heures, direction route de l’Est. Le chat stressé perd ses poils à chaque caresses qu’on lui fait. Pendant les deux heures de voiture, il zigzague entre les genoux de Titine, sous le siège de Xav ou à l’arrière de la voiture pour miauler de toutes ses forces. Plus on avance, plus étroite, plus défoncée et plus sauvage devient la chaussée. De part et d’autre, le vert est dru. Signes qu’on s’éloigne de la civilisation et s’approche de notre objectif.

Le mouillage se fait au niveau du seul pont sous lequel passe l’Orapu. La tache n’est pas trop compliqué. Le plus dur était de pousser la pirogue chargée sur quelques mètres de piste trop pourrie pour la voiture. Nous nous garons sur le parking de l’auberge des orpailleurs. Pendant toutes ces opérations, le chat attend sagement dans sa boite, sans rébellion.

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Moteur. Doucement, nous pénétrons dans la jungle. L’Orapu est belle. Eaux saumons ou verdâtres selon l’angle des rayons du soleil et les ombres autour. La rivière n’est pas très large. Vingt-cinq mètres tout au plus. Comparable à notre chère Inini, ou à la rivière des Cascades à propos desquels nous avons déjà eu l’occasion de vous raconter des histoires. La forêt par contre y est étonnamment plus espacé. La lumière perce. L’atmosphère général est sauvage, mais loin de la jungle sombre et inquiétante comme peut parfois l’être l’amazonie.

Repérage des lieux. Objectif : trouver l’endroit le plus pratique où installer notre bivouac. Ce qui n’est pas une tâche simple. Critères : sol non boueux, donc loin des mangroves, assez élevé en cas de marée importante, pas trop feuillu pour faciliter l’installation, avec des arbres suffisamment distanciés pour l’accrochage des hamacs et de la bâche.

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Après une heure trente d’exploration, nous trouvons notre coin. L’accès est un peu périlleux, mais le sol et l’espace tout à fait convenable. Quelques lianes géantes et des branchages gênantes requièrent la force de nos bras pour l’éclaircissement au coupe-coupe. Nos regards et nos gestes doivent être vigilent : une serpent peut toujours être mal placé ! Un fois les lieux prêts, avant l’installation définitive, nous faisons une pause déjeuner pour répondre à nos ventres grougroutant de faim. Dans notre grille électrique qui ne fonctionne plus et que nous avons décidé de transformer en appareil à barbecue, une baston avec le charbon est lancée ! Pas évident d’allumer le feu à partir du bois et des feuilles mortes constamment sous l’humidité de la forêt. La patience en vallait la chandelle : au bout d’une heure trente, les merguez sont délicieusement  grillées.

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Retour au boulot et aux anecdotes.

Notre bâche, rangée aux oubliettes depuis quelques mois dans un coin paumé du jardin, était devenue un urinoir à matous sauvages qui essaient de narguer Uyuni en laissant leur marque partout. Avant de s’en servir comme « toit », Xav décide de la tremper dans la rivière, le temps du déjeuner, en l’accrochant avec une ficelle au canoë. Manque de pot, la ficelle lâche et la bâche dérive dans des branchages. C’est alors parti pour des parties d’acrobatie et d’équilibre sur un arbre suspendu au dessus de la rivière, pour pêcher la bâche. Xav s’aide d’une rame pour s’allonger le bras. Manque à nouveau de pot, celle-ci tombe à l’eau ! Ne reste plus qu’à se résoudre à récupérer tout ça à la nage !! Après ces passages comiques, les fous rires se prolongent lors d’une troisième baston, cette foi-si, contre les hamacs, les cordes, les branches et quelques lianes. Notre bivouac prend forme, dans la bonne humeur, en fin d’après-midi. Il nous reste alors tout juste le temps d’une bonne partie de baignade revigorante avant la tombée de la nuit.

Alors que la lumière du jour progressivement s’éteint, des milliers d’êtres vivants s’éveillent dans la forêt. Nous jouons aux échecs à la bougie, dans le concert nuptial assourdissant des insectes rythmé de temps à autres par les cris de singes hurleur. Mis à part le stress de la montée des eaux, notre première nuit sur l’Orapu se passe paisiblement.

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5 juin 2005

Un dimanche à la plage

La semaine après notre retour de Martinique avait été très très pluvieuse. Plusieurs jours où le ciel n’a pas arrêté de pleurer, avec des débits parfois énorme (la bassine d’eau), parfois moins intense, mais sans arrêt des heures et des heures durant. Heureusement que la température ne va pas en dessous des 27°C ! (oui, oui, on le répète à chaque fois, mais ça compte énormément pour nous : notre quotidien serait si différent s’il faisait froid en plus du gris pluvieux…) ! Pendant plusieurs jours donc, on n’avait pas vu une seule fois le soleil. Jusqu’à ce fameux dimanche !! 

Tout commence par des chants d’oiseaux. Piaillements mélodiques. Les murmures des feuilles des arbres se font enfin entendre. Le vent souffle à peine. Bleu laiteux dans le ciel. Se transmuant au fil des heures par une couleur beaucoup plus vive. Luminosité éblouissante. Tout semble renaître. On veut sortir, respirer l’air nettoyé par la pluie, flairer le soleil. Et on ne peut pas s’empêcher de penser à ces belles matinées de printemps qui viennent après les longs mois mornes de l’hiver… le gris n’a pourtant duré que quelques jours !

Avec une belle journée comme ça devant nous, on improvise un pique-nique à la plage. Hamacs, natte, panier rempli du repas du midi, maillots de bain, et de quoi s’occuper ! A notre arrivée, la plage est presque déserte. Une lourde odeur de pluie se dégage du sable tiède. Pas un remous sur la mer grise et plate qui ressemble à un immense miroir d’où se reflète timidement le bleu pâle du ciel. Le choc pour nous qui avions passé quinze jours aux Antilles !! La couleur turquoise des eaux des caraïbes est belle, mais le gris marron de la Guyane a un charme envoûtant et un caractère inégalable. La marée tellement basse empêche toute baignade : un seul pas dans la mer enfonce le curieux dans la vase jusqu’aux genou !!! Quel comble que d’avoir un si beau temps et une si belle plage et de ne pouvoir se baigner !!! Alors, on se contente d’admirer. Autour de nous, les uns et les autres s’occupent. Certains pêchent, d’autres bronzent, les enfants jouent. Sur notre natte, dans ce paysage de carte postale, nous dégustons nos crevettes au coco accompagnées de riz blanc. Le soleil réchauffe nos peaux. Que du bonheur ! Le reste de l’après-midi se passe farniente, entre sieste et bouquins, à ramasser coquillages et graines, et à regarder la marée monter tout doucement. Petite marche au coucher du soleil avant le retour à la maison.

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1 juin 2005

Etrange, étrange...

En Guyane, la forêt est une mine de pharmacie quand on la connaît. La médecine par les plantes est très utilisée par certains peuples, notamment les amérindiens, les haïtiens, et les surinamais, pour ne citer qu'eux ! Ceux qui n'y connaissent rien ont tendance à en parler comme de la sorcèlerie... A mada, on parle de fanafody gasy....

J'ai eu un problème à mon poignet il y a un moment. Pour le soin, voilà ce que ça a donné :

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Fanafody gasy ? remède guyanais ? sorcèlerie ??

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PS : n'oubliez pas que vous pouvez agrandir les photos en cliquant dessus !!

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PPS : Ce n'est que du délire tout ça, ne vous inquiétez pas !! Ceci dit, j'ai quand même rencontré la seule vendeuse de médicaments traditionnels sur le marché de kourou, qui m'a filé une potion surinamaise à 100% base de plante !

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29 mai 2005

surprises au rythme de la pluie...

Le week-end dernier était un classique : canoë sur le Kourou, deux jours en carbet, avec le chat et la guitare !! Très sympa ! Au programme, baignades dans le fleuve parfois sous des torrents de pluie (impressionnant, et que du bonheur !), un peu de gratte et de chant (mais ce n'est pas pour ça qu'il a plu !!), bouquinage, jeux, longs repos en hamac, pagayes dans des petits couloirs étroits cachés du fleuve, silencieux et sauvages (moment magique).

La saison des pluies retient un peu les gens chez eux... déjà que ce n'est pas vraiment la grande affluence en temps "normal" sur les fleuves, en cette période, on se retrouve très souvent seuls en tête à tête avec la jungle, à notre grand bonheur !! De quoi apprécier encore plus le calme.

Mais la saison des pluies n'apporte pas que ça. On raconte que l’indice de pluviométrie n’a jamais atteint un tel niveau depuis cinquante ans. Des lacs se forment un peu partout par-ci par-là, notamment sur des terrains vagues sauvages, à proximité de forêt. C’est ainsi que le dimanche 17 avril 2005, gris mais sans pluie , nous décidions avec notre petit canoë d’explorer une savane inondée, à quelques kilomètres de Kourou. Nous n’étions pas déçus de la ballade. Originale, dépaysante, et tout simplement belle !

Avec toute la pluie qui est tombée, nous avons pu faire sans la moindre difficulté la mise à l’eau sur les bas-côtés de la nationale. Seul petit souci, les atroces fourmis rouges qui déchiquètent nos pieds. De quoi laisser à Titine (allergique aux piqûres) des séquelles horriblement irritantes des semaines durant !! Nous n’oublions surtout pas notre coupe-coupe : les lieux sont connus pour la présence d’animaux sauvages, notamment les jaguars. Sic !

Nous laissons derrière nous la nationale, en pénétrant dans ce que seul auparavant notre regard essayait d’imaginer. En temps habituel, c’est une grande étendue d’herbes hautes sauvages où personne n’oserait s’aventurer sans fusil… Au lieu de l’infini vert, un énorme lac miroir gris foncé dont on ne distingue ni le commencement, ni la fin. Impossible de résister à l’appel du mystère. Le canoë  trouble la surface plane en laissant derrière lui un sillon éphémère. Des piques d’herbes tranchent parfois la surface lisse de l’eau. Sans doute que le sol y est plus élevé. Par endroit, ce sont des feuillages d’arbres qui forment des îlots, sans terre. Difficile de se frayer un chemin même avec le coupe-coupe : c’est trop touffu ! Nous ne nous contentons donc que d’en faire les tours. L’idée de pagayer dans les hauteurs de ces arbres nous amuse !  Dedans, ça grouille de vie, c’est incontestable : des animaux n’ont pas pu échapper à la montée des eaux et tentent de survivre là. Nos regards s’aiguisent pour analyser la moindre vibration. Singe ? Serpent ? Félin ? Au détour d’un îlot, surprise… très surprenante ! Au loin, surplombe majestueusement l’énorme fusée maquette de l’entrée du centre spatial. Décor complètement surréel !! Le lac est extrêmement grand. D’ailleurs à force de ramer, on se demande s’il n’aboutirait pas à la mer !! Avec les îlots, nous devons faire attention à ne pas nous perdre. De temps à autre, nous nous amusons à tâter le sol en enfonçant nos rames. Rien. Ca paraît très profond. Dire que toute cette eau vient du ciel ! Par dessous le canoë, au delà des reflets de nos visages, nous apercevons parfois ces jolies fleurs sauvages oranges, les Heliconias, englouties dans les profondeurs sombres et translucides à la fois. Drôle d’effet. 

Dans la série des choses délirantes, des troncs de palmiers d’une vingtaine de mètres surgissent par ci par là au milieu du lac. Et nous voilà en train de nous amuser à slalomer autour de ces géants sortis de nulle part. Il faut le faire ! La promenade est vraiment très belle. Mais le clou du spectacle, nous l’aurons à la fin, vers la « pagaye du retour ». En lisière de jungle, à un endroit où il n’y a pas d’eau, Titine repère un groupe d’environ cinq énormes capybaras (connus aussi sousle nom de cabiaïs). Ce sont les plus grands rongeurs au monde (environ 1m de long et peut atteindre jusqu’à 70kg), très appréciés des estomacs guyanais (quand on pense à tous ces chasseurs qui auraient été jaloux de nous…) (de tant plus que nous ne chassons pas !!). Nous en avons déjà vus dans le Pantanal, au Brésil, mais d’assez loin. Cette fois, nous réussissons à nous en approcher jusqu’à deux mètres. Impressionnantes les bêtes ! Surprises, elles poussent d’énormes cris de panique (comme des grouins aigus), et en une demi seconde, plongent dans le lac. Bien qu’il est évident qu’elles ont plus peur de nous que l’inverse, Titine n’est pas très rassurée. On ne sait jamais, ces monstres vont peut-être nous cogner, à la vitesse où ils ont disparu ?!! Au rythme de nos cœurs qui battent à la chamade, nous ramons vite vite vite vers la nationale et ses automobilistes fous qui nous regardent avec étonnement… le soleil se couche… le niveau de l’eau a bien baissé depuis le départ… il est temps de remettre le canoë sur notre petite 106… et de partir avec toutes ces images inoubliables en tête…

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21 mai 2005

Le ramboutan

Celui qui n'en a jamais vu ne peut que s'étonner de cet énorme tas de petites boules poilues rouges sur les marchés Guyanais. "Oui monsieur, ce sont des ramboutans. Goûtez-en, ils sont bons !" Autour de l'étal, personne n'a fini de goûter (pour être bien sûr que c'est bon, avant d'acheter !). La peau ni douce ni piquante éclate après une simple morsure, et l'amertume qui s'en dégage disparaît aussitôt en laissant place à une chair blanche sucrée. D'une succion ferme, le fruit se fait aspirer d'un coup dans le couloir intérieur des lèvres pour attérir net au creux d'une joue. Celui qui n'a jamais vu faire sourit en voyant, toujours autour de l'étal, ces visages enflés par le ramboutan tout juste aspiré. Sa langue humidifiant ses lèvres trahit son envie et la saveur goûtée par les autres. Il succombera forcément !

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Ce fruit est énormément apprécié en Guyane. Actuellement, nous sommes en fin de saison. Ceux qui connaissent Mada font tout de suite le lien avec les litchis. Mais il n'y a pas photo, les litchis sont meilleurs ! Largement plus juteux, plus goûteux, plus sucrées ! C'est d'ailleurs pourquoi quand on parle de litchis chinois à ceux qui ont connu mada, presque personne ne connaît ! Et pourtant, les ramboutans guyanais ne sont rien d'autres que les litchis chinois !! 

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21 mai 2005

A table !

Dans nos assiettes ce midi :

Des centaines de petites choses qui ne font pas plus grandes que l'oriculaire. Des milliers de petits yeux tout brillants. Mous et glissants, une couleur argentée avant toute opération sur eux. Ils sentent évidemment les poissons. Et seraient parait-il les ancêtres des frites. Ici, on les appelle les Joëls. Ils sont importés de Turquie ou du Vietnam !! A mada, ce sont les "toa kely". Ne soyez pas effrayés par la photo, on les a frits, ils étaient croustillants et excellents !! (tellement bons, qu'on en oublie les pauvres petits yeux...)

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Le petit déj', ce matin :

Du "riz heritinais" (variante du riz cantonnais, à la Titine) (c'est largement meilleur, même si c'est le reste de la veille !!!), servi dans une calebasse, et pour bien démarrer l'ambiance de la journée, mangé à la baguette (même si un peu difficile au réveil !!)...

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20 mai 2005

A la mode de chez nous....

Quand le ras-le-bol des cheveux crépus devient l'occasion de passer un moment de pur bonheur...

Scène typique d'un dimanche après-midi. A l'ombre d'un palmier dans un jardin ou sur le trottoir au bord de la route, devant leur maison, les unes et les autres sortent nattes pour s'assoir à même le sol. La tresseuse reste la plupart du temps debout, opérant sur une tête avec souplesse et fermeté ! Celle qui se fait coiffer reste assis immobile, des heures durant, en supportant des tiraillements du cuir chevelu. Dès que les cheveux font suffisamment touffes, tous les âges passent par cette expérience transmise de génération en génération, depuis l'Afrique ! Pour les plus petites, ce sera l'occasion de l'apprentissage de la patience. Pour les plus grandes, c'est l'acceptation de la souffrance pour se faire belle, tout en papotant de tout et de rien, des derniers potins, de la mode, de l'amour, des soucis quotidiens, etc... Pour moi personnellement, ces longues heures représentent énormément !! Ne serait-ce que dans les échanges culturels... Autour, sur des chaises, quelques "spectatrices" tiennent compagnie et participent à la conversation : la cousine venue faire un tour dans le quartier, la voisine d'en face, les autres soeurs qui habitent sous le même toit, etc... Les petits en bas-âges sont aussi toujours de la partie. Ils s'occupent en se roulant dans l'herbe ou la poussière, jouent avec une sandalette ou un morceau de bois quelconque. Une mama corpulente fait des aller-retour vers la cuisine, d'où elle crie parfois pour donner son avis. La langue parlée est très rarement le français. C'est dans ce contexte que je puise un des meilleurs moments de bonheur partagé avec les gens d'ici !!

Résultat :

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